Les causes du mensonge social
En définitive, qu’est-ce qui conduit un être à exprimer l’inverse de ce qui est, de ce qu’il perçoit, à transformer l’existant ou à le dissimuler ? Il y a bien sûr l’ignorance pure qui, par exemple, a permis à beaucoup d’énoncer que la Terre était plate et qu’un précipice marin se trouvait derrière la ligne de l’horizon. C’est le mensonge habituel de l’ego qui ne cesse de dire « je sais » juste parce qu’il a été informé d’un aspect d’une question. C’est le « je sais » des faux scientifiques qui s’appuient sur des hypothèses émises par d’autres, sans jamais les soumettre à leur ressenti ou à leur intuition. C’est un « je sais » qui, en réalité, ne veut aucune donnée susceptible de déranger ou démonter le schéma existant. C’est ce « je sais » vide et arrogant qui permet de dire « je connais cette personne », juste pour l’avoir croisée à quelques reprises et s’en être fait une opinion arrêtée. Dans le langage humain, un nombre incalculable de phrases commençant par « je sais que » se poursuit par une assertion aussi idiote que celle relative à la planitude terrestre.
L’autre motivation d’une verbalisation altérée ou déformée, ou bien de la dissimulation d’un fait est la peur. Pour soi, il s’agit de la peur d’être jugé, rejeté, banni, mal aimé, abandonné. Vis-à-vis d’autrui, c’est la peur de blesser, de faire mal, de choquer, de faire souffrir. Si nous parvenons à élever quelque peu notre point de vue, nous pouvons concevoir que c’est une forme d’amour qui tend à s’exprimer ici : l’amour du « petit moi » personnel – sorte de protection de l’image rétrécie qu’il a de lui-même ou des autres. Quelque soit le type de contre-vérité auquel nous aurions affaire, rien n’est à juger, il ne s’agit que de peur et d’ignorance appelant à la compassion, laquelle n’est cependant ni complaisance ni faiblesse, s’agissant de la réponse donnée.
Gregory Mutombo