Lettre mensuelle mars 2025

Courant janvier, j’ai abordé la thématique de « Conscience intégrale ». Je dois dire que cette annonce a résonné en beaucoup d’entre vous. Résonné parce que cette voie est celle à laquelle aspirent toutes celles et tous ceux qui nourrissent la volonté immuable de se rencontrer vraiment et d’incarner autant que faire se peut leur nature profonde. Résonné aussi mais d’une manière différente, parce qu’elle indique que la marche est haute entre le « cheminement spirituel » classique qui, même s’il a toute son utilité, trouve un jour sa limite, comme une voie sans issue.

Pourquoi dis-je que la marche est haute ? Parce que, depuis des millénaires, les humains se sont accoutumés, habitués à vivre dans une sorte de bain émotionnel et mental qui est devenu comme leur milieu naturel. Pour une majorité écrasante d’humains, ce bain est comme l’eau pour les poissons : un « quelque chose » tellement proche qu’on ne le voit pas. Vous le savez, au cours de la lente évolution des espèces, certains poissons se sont mis à explorer la vie en dehors du milieu aquatique, jusqu’à progressivement développer des membres et une complète capacité respiratoire terrestre. Mais, là aussi, vous le savez, si l’on extrait « brutalement » un poisson de l’eau, il se sent mourir car il ne croit pas pouvoir vivre en dehors de son milieu.

Alors, c’est un peu le même processus pour Conscience intégrale, il s’agit de sortir du bain émotionnel et mental, cette soupe opaque, composée d’ingrédients multiséculaires qui, si elle est consommée quotidiennement, conditionne la quasi totalité du comportement de l’humain, sans, évidemment, qu’il en ait la moindre conscience. Pourtant, il parle de « courants de pensée », de « vagues de panique», « de torrents de haine », de « flots de mensonges », de « refaire surface ». Il se dit « submergé » par le chagrin ou la peur, qu’il cherche ensuite à « noyer » dans l’alcool et ainsi de suite, comme si, inconsciemment, il percevait la nature presque aquatique de son environnement émotionnel et psychique et, par conséquent, de son propre fonctionnement.

Vous l’aurez compris, le processus que je nomme Conscience intégrale ne vise pas à réguler ses émotions ou à simplement être vigilant sur la texture de ses pensées. Ce serait aussi inepte que de demander à un poisson d’être au clair sur le liquide qui lui traverse les branchies… Non, il est question, que l’on soit bien clair, de sortir du bain, de s’extraire définitivement de la vieille marmite.

Quitter cet environnement certes connu mais foncièrement limitant nécessite une compréhension fine du champ émotionnel individuel et collectif, des différents étages et fonctions de ce qui est communément appelé « le mental » et, enfin, de la manière dont la mémoire (personnelle et transgénérationnelle) sert de formidable lest à l’ensemble, comme une lourde ceinture de plomb qui maintient sous l’eau tout nageur dont la tendance naturelle est de remonter à la surface.

A toutes celles et tous ceux à qui, suite à leur candidature, j’ai dit que leurs structures énergétiques et psycho-corporelles n’étaient pas encore prêtes pour Conscience intégrale, je veux que vous entendiez bien l’analogie avec un poisson non averti qu’on sortirait de l’eau, sans retour en arrière possible : entre tester la respiration dans son nouvel environnement et retourner immédiatement dans son milieu d’origine, il n’hésiterait pas.