J’entends beaucoup de pronostics sur le devenir du monde, de notre monde. Ceux-ci, pour leur majorité, ne tissent pas des futurs réjouissants. C’est un euphémisme. Ces pronostics ou prévisions s’appuient essentiellement sur une lecture factuelle, matérialiste des événements : « voici ce qu’il se passe actuellement, voici ce que cela risque de donner ou d’engendrer plus tard ». Tous les principaux secteurs de l’expérience humaine sont « étudiés » . La démographie, la paix dans le monde, l’écologie, l’économie, la santé, la politique, l’intelligence artificielle, etc. Chacun estime avoir une vision juste de ce que l’avenir sera. Dans une certaine mesure, cela est vrai. En effet, chacun vivra le futur en fonction de ce qu’il croit, c’est-à-dire en fonction de ce qu’il pense que l’avenir (lui) réserve. Beaucoup pourront s’indigner de ce que j’écris : « Mais, comment ça ? On est tous sur le même bateau ! Si le bateau coule, on coulera tous ensemble ! »
Cette croyance d’être « tous sur le même bateau » a pour conséquence, vis-à-vis de celles et ceux qui y adhèrent, de se vérifier dans leurs expériences quotidiennes. En effet, lorsque je crois être sur le même bateau que mon voisin, si son embarcation prend l’eau, effectivement, je sombre avec lui. Mais, alors, où donc se situerait l’un des principes souverains que je professe depuis plus de dix ans maintenant, celui de responsabilité ? À chacun, il est fait à la fois selon ses croyances et selon ce qu’il amène dans ce monde, dans cette humanité. Comment, en ce cas, si on applique cette loi immuable du « on récolte ce que l’on sème », quiconque aurait à récolter ce qu’autrui a semé ? Et aussi, à l’inverse, comment quiconque aurait à récolter ce qu’il n’a absolument pas semé ?
La façon dont, plus ou moins consciemment, vous semez les graines du futur conditionne ce que vous aurez à récolter. Il va de soi que si vous semez les mêmes graines que votre voisin, vous emprunterez des lignes temporelles assez identiques aux siennes. Vos pensées, même si elles vous semblent n’appartenir qu’à vous et demeurer dissimulées dans les plis de votre mental, sont en vérité ces graines. Et tôt ou tard, elles éclatent au grand jour et vous en êtes toujours les premiers témoins.
La société occidentale actuelle s’intéresse de manière croissante à ce qu’elle appelle « la santé mentale », invitant à « lever le tabou » sur les thématiques de la dépression et autres syndromes de « burn out ». Très bien, mais le mental étant l’espace de conception des graines (pensées) qui sont semées puis récoltées par tout être humain, il y a certainement la nécessité pour chacun, bien avant d’être diagnostiqué « dépressif », de se questionner sur l’état sanitaire de cette sphère souvent ignorée au profit du corps physique. Et viendra un jour où, je le souhaite, chacun ne regardera plus simplement le matin sa tête dans le miroir mais, aussi et surtout, avec responsabilité, ce qui y circule à l’intérieur.